Les ressources marines ne sont pas illimitées. Nous connaissons aujourd’hui leur grande fragilité face aux modifications de l’environnement et à la pression de la pêche. Plusieurs espèces semblent déjà avoir disparu. 30 % des populations de poissons de la planète sont surexploitées. Plus près de nous, en Atlantique Nord-Est, plus de 40 % des stocks sont surexploités.
1 - SeaWeb Europe est une association dédiée à la préservation des océans et des ressources halieutiques. Quel est votre discours auprès des professionnels, producteurs et acteurs de la distribution ?
Nous informons les professionnels de la filière sur l’état des ressources par le biais notamment du Guide des espèces à l’usage des professionnels mis à jour tous les ans pour aider ceux qui souhaitent s’approvisionner durablement en tenant compte de – l’état des stocks – des techniques de pêche – et de la taille de maturité sexuelle des espèces. Ce sont ces trois critères fondamentaux qu’il faut respecter pour parler de poisson durable ou de pêche durable. Chaque maillon de la filière a un rôle à jouer pour préserver les ressources de la mer et par conséquent pour pérenniser les métiers qui en dépendent.
Nous accompagnons ceux qui le souhaitent dans cette démarche, nous valorisons les bonnes pratiques et ceux qui les mettent en place, que cela soit des pêcheurs, des aquaculteurs, des transformateurs, des grossistes, des enseignes de la grande distribution, des poissonniers ou des chefs/restaurateurs.
Tous ces acteurs peuvent contribuer à préserver la biodiversité des océans en proposant à leurs clients et aux consommateurs des produits de la mer durables.
2 – Le PNUE (Programme des Nations-Unies pour l’Environnement) a alerté l’opinion publique et gouvernements en 2010 sur le fait qu’en 2050 l’océan pourrait être “vide” si le secteur de la pêche n’était pas clairement réformé. Où en est la santé de notre poumon bleu aujourd’hui au niveau de ses précieuses ressources ?
En effet, les ressources marines ne sont pas illimitées. Nous connaissons aujourd’hui leur grande fragilité face aux modifications de l’environnement et à la pression de la pêche. Plusieurs espèces semblent déjà avoir disparu. 30 % des populations de poissons de la planète sont surexploitées. Plus près de nous, en Atlantique Nord-Est, plus de 40 % des stocks sont surexploités. L’enjeu est mondial, les océans n’ont pas de frontières.
L’Union européenne s’est dotée d’une Politique Commune de la Pêche (PCP) depuis 1983. Les précédentes politiques se sont révélées des échecs et ont contribué à une forte surexploitation des ressources.
La nouvelle PCP, entrée en vigueur en janvier 2014, a été réformée en profondeur et se base sur l’approche éco systémique des océans et la durabilité de la filière. Les quotas prennent davantage en compte les recommandations scientifiques (il y avait souvent de grands écarts par le passé), les rejets (captures non désirées rejetées mortes à la mer) sont interdits progressivement, l’objectif d’atteindre le RMD pour l’ensemble des stocks est prévu pour 2020. Le RMD étant le rendement maximal durable, c’est-à-dire la quantité optimale que l’on peut prélever sans porter atteinte à l’état du stock sur le long terme. Cette nouvelle réforme va donc dans le bon sens mais se met en place progressivement. En parallèle, nous avons pu voir les pratiques de la filière évoluer vers plus de durabilité ces dix dernières années : certains pêcheurs et acteurs de la distribution ont mis en place des pratiques plus vertueuses mais beaucoup reste encore à faire.
2 – Le PNUE (Programme des Nations-Unies pour l’Environnement) a alerté l’opinion publique et gouvernements en 2010 sur le fait qu’en 2050 l’océan pourrait être “vide” si le secteur de la pêche n’était pas clairement réformé. Où en est la santé de notre poumon bleu aujourd’hui au niveau de ses précieuses ressources ?
En effet, les ressources marines ne sont pas illimitées. Nous connaissons aujourd’hui leur grande fragilité face aux modifications de l’environnement et à la pression de la pêche. Plusieurs espèces semblent déjà avoir disparu. 30 % des populations de poissons de la planète sont surexploitées. Plus près de nous, en Atlantique Nord-Est, plus de 40 % des stocks sont surexploités. L’enjeu est mondial, les océans n’ont pas de frontières.
L’Union européenne s’est dotée d’une politique commune de la pêche (PCP) depuis 1983. Les précédentes politiques se sont révélées des échecs et ont contribué à une forte surexploitation des ressources.
La nouvelle PCP, entrée en vigueur en janvier 2014, a été réformée en profondeur et se base sur l’approche éco systémique des océans et la durabilité de la filière. Les quotas prennent davantage en compte les recommandations scientifiques (il y avait souvent de grands écarts par le passé), les rejets (captures non désirées rejetées mortes à la mer) sont interdits progressivement, l’objectif d’atteindre le RMD pour l’ensemble des stocks est prévu pour 2020. Le RMD étant le rendement maximal durable, c’est-à-dire la quantité optimale que l’on peut prélever sans porter atteinte à l’état du stock sur le long terme. Cette nouvelle réforme va donc dans le bon sens mais se met en place progressivement. En parallèle, nous avons pu voir les pratiques de la filière évoluer vers plus de durabilité ces dix dernières années : certains pêcheurs et acteurs de la distribution ont mis en place des pratiques plus vertueuses mais beaucoup reste encore à faire.
3 – Pour une consommation raisonnée de poissons et crustacés, la saisonnalité est-ce un critère de durabilité ?
On nous demande souvent le calendrier de saison pour les poissons pour faire un « meilleur choix ». Mais contrairement aux produits agricoles, la saisonnalité n’est pas un critère de durabilité pour les produits de pêche. De plus, chaque espèce est un cas particulier. C’est un sujet complexe. Voici quelques exemples pour aider à comprendre.
La plupart des calendriers de consommation de produits de la mer indiquent pour chaque espèce les saisons de production qui correspondent aux saisons de reproduction « le frai », c’est le moment où les poissons se regroupent et forment des concentrations qui facilitent leur capture.
Ainsi, le frai donne lieu chez de nombreuses espèces à des concentrations de poissons qui les rendent extrêmement vulnérables à l’activité de pêche, comme pour le bar par exemple. La pêche au chalut peut entraîner de fortes mortalités sur les populations de bar, puisque les poissons sont regroupés et sont faciles à capturer en grande quantité pendant cette période. Ces excès sur cette espèce (non soumise à quota jusqu’alors) ont entraîné une forte chute de la population. Les scientifiques ont lancé une alerte l’an dernier et la pêche a été fermée pendant quelques mois. La gestion de cette espèce est revue actuellement au niveau européen (le bar est de plus très prisé par la pêche récréative).
D’un point de vue biologique, une pêche pratiquée en période de frai ne pose pas de problème, à condition que le stock de poissons soit en bon état et que les quotas soient respectés. Par exemple, il n’y a pas de raison de se priver de maquereau en début d’été (les stocks sont en bon état actuellement), période où il se reproduit, et où il est meilleur car plus gras.
Par contre, d’autres espèces sont de moindre qualité gustative lors de leur période de reproduction (cas de la sole et autres poissons plats : chair molle et femelles grainées sont moins appréciés des consommateurs), ce qui contribue à une plus faible valorisation économique et à un gaspillage en termes de produit avec perte de matière. Donc même si les stocks sont en bon état (à vérifier selon les espèces), la pêche des poissons plats en période de reproduction est un vrai gâchis !
De plus, ces captures importantes conduisent à une baisse des prix et donc à une mauvaise valorisation de la ressource. D’une manière générale, la pêche au moment du frai doit être envisagée avec prudence. Elle est à bannir dans le cas de stocks fragilisés.
4 – Quel organisme gère et détermine les quantités de stocks halieutiques que l’on peut pêcher ?
La politique commune de la pêche en Europe fixe chaque année les totaux admissibles de captures (TAC) qui sont des limites de captures (en tonnes) pour la plupart des stocks commerciaux de poissons. La Commission européenne prépare des propositions en s'appuyant sur les avis scientifiques concernant l'état des stocks délivrés par des organes consultatifs tels que le Conseil International pour l'Exploration de la Mer (CIEM) et le Comité Scientifique, Technique et Économique de la Pêche (CSTEP). Certains plans pluriannuels prévoient des règles pour fixer les TAC. Ceux-ci sont définis tous les ans pour la plupart des stocks (tous les deux ans pour les stocks d'eau profonde) par le Conseil des ministres de la pêche. Lorsque les stocks sont partagés et gérés conjointement avec des pays non membres de l'UE, les TAC sont convenus avec ces pays ou groupes de pays.
Ces TAC sont répartis entre les pays de l’UE sous la forme de quotas nationaux. Les quotas sont distribués en appliquant un pourcentage différent par stock et par pays. Les pays de l'UE peuvent s'échanger leurs quotas. Lorsqu'un quota applicable à une espèce est épuisé, le pays doit fermer la pêcherie concernée.
5 - Sur quelles informations le Guide des espèces se base pour les recommandations d’achat ?
Les recommandations faites dans le Guide des espèces sont basées sur l’évaluation des stocks faite par les scientifiques. Ces informations proviennent d’études publiées par les organismes de recherche chargées d’évaluer les stocks dans chaque région du monde.
Pour les espèces de l’Atlantique Nord-Est, les éléments proviennent du CIEM (Centre international pour l’exploration de la mer) complétées par les études de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer). L’état mondial des ressources marines de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation) sert également de référence. Pour d’autres espèces, nous nous basons sur les données de l’IRD (Institut de recherche pour le développement), du Museum national d’Histoire naturelle (MNHN), du CIRAD (Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement), ou encore du CIPA (Comité interprofessionnel des produits de l’aquaculture).
6 – Pourquoi déconseillons-nous certain type de poissons aux femmes enceintes ?
Les produits de la mer vivent en contact permanent avec l’environnement et sont susceptibles d’être contaminés par les substances chimiques présentes dans l’eau, tels que les PCB, le mercure, les dioxines… dont on sait qu’ils s’accumulent dans le poisson. On peut également y trouver des micro-organismes (bactéries ou certains parasites).
Les caractéristiques de l’environnement et la biologie des espèces font que les situations sont variables : les grands prédateurs (thon, requin, marlin, etc.) se situant en fin de chaîne alimentaire concentrent davantage les contaminants, ils récupèrent l’accumulation des contaminations des poissons qu’ils auront consommés, les gros poissons mangeant les plus petits. Les poissons en début de chaîne alimentaire comme les sardines ou les maquereaux, en contiendront moins et peuvent ainsi être consommés plus fréquemment de ce point de vue. Mais ces espèces n’échappent pas pour autant au risque dioxine…
Ainsi, certaines recommandations spécifiques de consommation peuvent s’appliquer notamment pour certaines populations sensibles comme les femmes enceintes et les jeunes enfants notamment en termes de fréquence et de types de poissons à consommer afin de bénéficier des qualités nutritionnelles de ces produits en limitant les risques…
7 – Vous venez de sortir la 8ème édition de votre guide. Qu’espérez-vous faire changer dans les mentalités ?
Le Guide des espèces est un outil pour orienter les achats des professionnels vers des espèces durables.
Les mentalités ont déjà commencé à changer. Nous souhaitons juste aider à accélérer les choses et que l’ensemble des acteurs de la filière s’approprient cette démarche, que la durabilité fasse partie des critères clés d’achat tout comme les critères sanitaires et les critères de qualité des produits.
Face à l’importance et la complexité de ces enjeux, nous estimons que c’est aux professionnels de proposer aux consommateurs des espèces qui ne sont pas en danger - et non de laisser le consommateur choisir entre une espèce durable et une espèce en voie de disparition.
Les choses ont bougé ces dernières années, les pratiques évoluent et nous nous en réjouissons mais beaucoup reste encore à faire !
De plus dans une démarche d’informer les consommateurs sur ces sujets, les informations du Guide des espèces sont désormais disponibles sur l’application Planet Océan. Chacun peut ainsi poser les bonnes questions à son poissonnier ou au chef de son restaurant favori !